5 stratégies pour faire revivre le centre-ville

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Emilie Vallières

Montréal Centre Ville - Espace affaires

Le 9 décembre dernier, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a tenu un forum stratégique sur le centre-ville. Au travers d’échanges inspirants, artistes et gens d’affaires ont établi des objectifs à atteindre afin que le cœur de Montréal se remette à battre au sortir de cette crise sans précédent.

1- Donner envie aux travailleurs de revenir

Le centre-ville de Montréal abrite 300 000 emplois, dont une vaste majorité est présentement exercée en télétravail. Selon une étude menée cet automne1, 65 % des travailleurs comptent revenir au bureau pour au moins une journée par semaine. Cette nouvelle réalité force à réinventer les modèles. C’est d’ailleurs ce que croit la vice-présidente, Bureaux, Québec, chez Ivanhoé Cambridge, Annik Desmarteau. «Le centre-ville ne doit pas être juste une destination métro-boulot-dodo, affirme-t-elle. Quand ils y sont, les travailleurs doivent se sentir en vacances de leur maison.» Le président et chef de la direction de l’agence immobilière Devencore, Jean Laurin, rappelle également l’importance du réseautage. «Une business qui veut se développer ne peut pas le faire uniquement à distance, martèle-t-il. Les employés ont besoin d’être inspirés. Il faut leur offrir des espaces de travail qu’ils ne pourront pas avoir ailleurs.» Le centre-ville doit donc se démarquer nettement de son nouveau compétiteur: le confort du foyer!

2- Ameliorer l’acces au centre-ville

Il est primordial d’établir une stratégie claire pour contrer l’impression que c’est compliqué de circuler et de se stationner. Cela implique aussi une offensive de communication pour redorer l’image du transport en commun qui rassemblerait les employeurs, les entreprises, la Ville et les sociétés de transport. L’arrivée du REM changera profondément les perceptions négatives liées aux déplacements, mais, en attendant, il faut faire preuve de créativité. C’est ce que soutient Éric Fournier, associé chez Moment Factory, leader mondial dans le domaine de l’environnement immersif. Il appelle par exemple à scénographier les chantiers. «Il faut revenir à Montréal et à l’authenticité. Ça peut être un atout qu’il y ait des chantiers.» Amoureuse du centre-ville, Azamit a fondé Souk MTL en 2003 afin de favoriser la synergie entre les différents artistes du design. Elle insiste sur l’importance de créer des espaces qui génèrent des expériences si uniques qu’«on oublie les problèmes qu’on a eus pour s’y rendre».

3- Faire rayonner le centre-ville

Le centre-ville de Montréal, c’est un incontournable pour quiconque prévoit visiter l’est de l’Amérique du Nord! Les festivals, la gastronomie, les hôtels, les musées, les salles de spectacle et l’expérience de magasinage se démarquent sur la scène internationale. Si plusieurs personnes reconnaissent l’immense coolitude de Montréal, il n’existe pas d’image de marque forte pour la mettre en valeur à l’étranger. Il est temps de mettre en marche une campagne de positionnement qui définirait clairement l’identité montréalaise. Cette campagne aurait pour mission de s’imprimer dans l’imaginaire du touriste. Au centre-ville de Montréal, on a une convergence des capitaux, des talents et des infrastructures. On a tout ce qu’il faut pour s’amuser et faire de la bonne business, assure Annik Desmarteau.

4- Attirer les résidents 

La présidente du promoteur immobilier Prével, Laurence Vincent, considère le centre-ville de Montréal comme un milieu de vie sans commune mesure. «Il faut mettre en place des démarches citoyennes pour encourager la population à revenir au centre-ville, pas juste pour travailler, mais pour faire le choix d’y vivre.» Selon elle, le développement immobilier doit être basé sur des valeurs humaines et inclusives. Le vice-président, Développement corporatif et croissance au Groupe Brivia, Vincent Kou, remarque des exigences concrètes pour adapter les logements au contexte sanitaire. «On constate une plus grande demande pour aménager un espace de travail. Des améliorations technologiques doivent être implantées pour qu’on touche les boutons d’ascenseur le moins possible, par exemple. Il faut penser au système de ventilation et aménager des espaces verts.»

5- Créer des expériences

Depuis quelques années, l’expérientiel est un concept pour lequel l’expertise et l’intérêt ne cessent de croître. Dans ce domaine, le centre-ville de Montréal détient un fort potentiel. «L’expérience est vraiment très importante, soulève Azamit. Pour moi, le centre-ville, c’est le pouls d’une ville. La ville a toujours été bouillonnante.» Ce bouillonnement, il faut l’animer en permanence. Azamit cite l’exemple du Montréal souterrain, qui doit devenir plus qu’un lieu de transit ou de magasinage, il doit devenir un lieu d’émerveillement et d’animation. Jean-Marc Fournier, de l’Institut de développement urbain du Québec, insiste sur l’importance de se réapproprier les artères commerciales et les rues. «Il faut reconnaître l’hivernalité. Même en hiver, on a le goût de sortir.» En somme, Montréal doit générer une émotion plus contagieuse que la COVID-19.