Les grands magasins qui ont façonné le centre-ville
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Anne Pelouas
- © Magasin de Henry Morgan, rue Sainte-Catherine, Montréal, vers 1890
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Anne Pelouas
À partir de 1815 et jusqu’aux années 1850, Montréal sert plutôt au transit d’immigrants, surtout britanniques, vers les États-Unis. Des Irlandais et Écossais s’établissent ensuite dans les Cantons-de-l’Est et à Montréal, où ils contribuent à la vitalité du centre-ville.
Entre les années 1900 et 1920, une nouvelle période de forte immigration survient, cette fois-ci avec de nouveaux arrivants issus des communautés juives et italiennes.
« Dans la deuxième moitié du 19e siècle, explique Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques chez Héritage Montréal, une nouvelle centralité commerciale se dessine. Elle monte vers le nord avec l’essor des grands magasins qui quittent le Vieux-Montréal pour la rue Sainte-Catherine, le square Dominion et le boulevard Dorchester », afin de desservir leur riche clientèle, qui vit surtout dans le Mille carré doré.
Pour presque tous, ce changement s’opèredès 1890, et ce, en moins de 10 ans, précise un document du Musée canadien de l’histoire. Si le Vieux-Montréal conserve encore en 1901 son rôle de quartier des affaires, avec notamment les sièges sociaux d’institutions financières, la rue Sainte-Catherine se taille toujours la part du lion dans le commerce de détail.
Dans les années 1890, plusieurs grands magasins dominent déjà le paysage commercial du centre-ville. William H. Scroggie a son « magasin de nouveautés » depuis 1885 à l’angle de Sainte-Catherine et University. Il s’agrandit sur la rue Queen entre University et Victoria.
Hamilton, un autre grand magasin, s’installe en 1891 au carré Victoria, qu’a délaissé Morgan (ancêtre de La Baie) pour le square Philips. En 1896, Hamilton est à son tour séduit par l’attractivité de la rue Sainte-Catherine, avec un magasin à l’angle sud-est de Peel, puis en 1906, au coin de Sainte-Catherine et Drummond.
Quant à Henry Birks, il transplante aussi sa maison de bijoux au square Philips en 1894, après avoir ouvert sa première boutique sur la rue Saint-Jacques en 1879.
John Murphy & Company migre également vers le Golden Square Mile en 1893, déplaçant son magasin Murphy du Vieux-Montréal sur Sainte-Catherine Ouest, à l’angle de la rue Metcalfe. Agrandi en 1909 et 1910, le magasin deviendra le Robert Simpson Montreal.
En 1896, James Ogilvy lui emboîte le pas, déménageant son magasin James Ogilvy & Sons de l’angle des rues Saint-Antoine et de la Montagne au coin de Sainte-Catherine et de la Montagne. En 1912, Ogilvy achète un immeuble de style néo-roman au 1307, rue Sainte-Catherine Ouest, adresse de l’actuel Holt Renfrew Ogilvy.
Née à Québec en 1837, la chaine de vêtements de luxe Holt Renfrew, quant à elle, choisit la rue Sainte-Catherine Ouest en 1910. Elle y établit son quartier général et son magasin-phare dans un immeuble art déco, à l’angle de Sherbrooke et de la Montagne. Dans les années 1990, il doublera d’espace pour accueillir de nouvelles boutiques de luxe. En 2020, il fusionneavec Ogilvy.
En 1909, Samuel Carsley troque la rue Notre-Dame pour la rue Sainte-Catherine, reprenant le bail de son compétiteur Scroggie. Son magasin portera plus tard le nom de Goodwin, avant son rachat en 1925 par la compagnie Eaton. Celle-ci agrandit plusieurs fois l’élégant magasin en hauteur, pour un total de 9 étages en 1930. Il deviendra un centre commercial et un immeuble de bureaux en 1976. Le Centre Eaton ferme ses portes en 1999, mais renaît en partie dans le Complexe Les Ailes, ouvert en 2002.