Verdir le centre-ville

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Montreal centre-ville

Verdir le centre-ville
  • © Vignes en ville
« On devrait construire les villes à la campagne, car l’air y est plus pur ! » disait, avec un certain sens de la formule, l’écrivain Alphonse Allais. Malheureusement, tant que nous ne réussirons pas cet exploit, il faudra trouver d’autres solutions pour « verdir la ville ».

Le Plan d’action Forêt urbaine (ou Plan d’action canopée) de la ville de Montréal a pour objectif de hausser l’indice de canopée montréalais de 5% d’ici 2025 pour atteindre une couverture arborescente équivalente à 25% du territoire. On estime que l’île de Montréal compte environ six millions d’arbres offrant un couvert forestier de 20% (source : soverdi.org/foretUrbaine/montreal#montreal).

Mais devant le verdissement urbain, tous les quartiers ne sont pas égaux. Le centre-ville, par exemple, ne regorge pas de parcs et de lieux propices au verdissement. Le coeur de Montréal est en effet couvert de béton; il est, comme on dit, très minéralisé. « L’espace où planter des arbres au centre-ville manque cruellement, reconnaît Malin Anagrius, directrice générale de la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi). Dans l’arrodissement Ville-Marie, nous avons néanmoins réussi à planter 1104 arbres entre 2014 et 2019. Il est important de comprendre qu’un arbre n’est pas uniquement un élément décoratif, c’est quelque chose de très utile.» Ils permettent notamment d’absorber les polluants atmosphériques, le bruit et les eaux de pluie, en plus de diminuer le ruissellement dans les égouts et de lutter contre les îlots de chaleur urbains.

Depuis sa création en 1992, la Soverdi est l’un des acteurs les plus actifs en matière de verdissement de Montréal. Parmi ses nombreuses initiatives, on peut citer par exemple l’opération « Un arbre pour mon quartier ». développée en collaboration avec le Regroupement des éco-quartiers (REQ), qui invite les Montréalais à planter des arbres sur leur terrain. Un peu plus de 12 000 arbres ont été plantés depuis 2013.

Des vignes sur les toits

Vous connaissez peut-être les fermes urbaines qui font pousser des fruits et des légumes sur les toits? C’est pour faire de la viticulture que Véronique Lemieux, coordonnatrice et fondatrice de Vignes en ville, a décidé d’en faire usage. À travers son laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB), elle et son équipe étudient le comportement et les avantages des vignes rustiques en milieu urbain, tant en sol qu’en bac sur les toits.

C’est ainsi que si vous allez faire un tour sur le toit du Palais des congrès, vous y trouverez pas moins de 80 pieds de vigne. Le toit d’Ubisoft, quant à lui, dispose de 40 pieds de vigne et celui de l’ITHQ, une soixantaine. « La vigne a un effet de couvrance très important et elle végétalise environ six mois par années, explique Véronique Lemieux. Cela crée de l’ombre et participe à la réduction des îlots de chaleur » Pour la spécialiste, la plupart des toits montréalais pourraient potentiellement être végétalisés, mais il faudrait les adapter et les mettre aux normes pour des questions d’irrigation, d’assurances et de sécurité.

« La vigne a un effet de couvrance très important et elle végétalise environ six mois par année » – Véronique Lemieux

Un défi pour le centre-ville

Pour Cristina D’Arienzo, la directrice des opérations de Destination centre-ville, bien que le défi soit très grand pour un territoire comme le centre-ville où le béton domine presque tout, elle demeure néanmoins confiante. « Il faut continuer de verdir de plus en plus et d’ajouter une touche de couleur dès que l’on peut. L’agriculture urbaine existe, le portail cultivetaville.com répertorie d’ailleurs les différentes initiatives allant en ce sens, comme le potager urbain du Fairmont Le Reine Elizabeth, les ruches Alvéole (alveole.buzz) sur les toits ou encore les initiatives qu’on mène conjointement avec Innovation Jeunes ». Chaque année, la Société de développement commercial du centre-ville de Montréal embellit les rues grâce à des centaines de jardinières de fleurs et paniers de sol.

Pour avoir une plus grande marge de verdissement, il existe une solution qui consisterait à littéralement déminéraliser certains endroits du centre-ville, c’est-à-dire retirer l’asphalte, pour y faire pousser des végétaux. Malheureusement, c’est une opération très coûteuse. C’est donc pas un effort commun, tant du secteur privé que public, et une prise de conscience globale que nous pourrons faire en sorte que Montréal participe à la transition écologique et contribue ainsi à la survie de l’écosystème.

Potagers urbains

Ne soyez pas surpris si vous croisez des jardiniers en plein coeur de Montréal. Depuis deux ans, Destination centre-ville a en effet développé un partenariat avec Innovation Jeunes et finance deux potagers, l’un situé au Square Victoria et l’autre dans un stationnement, rue de la Montagne. Ainsi, une douzaine de jeunes stagiaires rémunérés se transforment en apprentis jardiniers l’été, et ils cultivent notamment des plantes indigènes, des fines herbes et des framboisiers. « Outre les deux potagers, nous aménagerons un couleur vert qui ira du Square Cabot au Square Victoria, explique Jenna Smith, la directrice d’Innovation Jeunes. Il y a peu de marge de manoeuvre pour verdir le centre-ville, mais il y a des possibilités, comme l’utilisation des sites des universités et, bien sûr, le verdissement des toits. »

Un texte de David Nathan.